- sentine
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• fin XIIe; lat. sentina1 ♦ Mar. Endroit de la cale d'un navire où s'amassent les eaux.2 ♦ Littér. Lieu sale et humide. ⇒ cloaque. « La cuisinière chasse les ordures de la maison en nettoyant cette sentine » (Balzac).♢ Fig. « l'odieux Bicêtre [...] cette horrible sentine de vices » (Jaurès).Synonymes :- bourbier⇒SENTINE, subst. fém.A. — MARINE1. Vieilli ou région. (batellerie de la Loire). Bateau plat servant à transporter le sel ou à passer une rivière. (Dict. XIXe et XXe s.).2. ,,Lieu de la cale où s'amassent les eaux et d'où elles peuvent être retirées par les pompes`` (GRUSS 1978). Il faut avoir soin de nettoyer la sentine (Ac.).— P. anal. Lieu sale et humide. Les hommes impatients bondiront sur les dalles [du port]. Les beaux, fiers de leurs visages, monteront vers les ruelles où, derrière des grillages de fer luisent des yeux d'or; les laids, dans les quartiers bas, iront aux sentines où les ivrognes honnis du Rétributeur vomissent leur trop plein de vin sur le ventre blanc des esclaves (GIONO, Eau vive, 1943, p. 47).— P. métaph. Corruption morale. Le remords est plus tolérable, il ne nous met ni dans la rue ni à Sainte-Pélagie, il ne nous plonge pas dans cette exécrable sentine du vice; il ne nous jette qu'à l'échafaud, où le bourreau ennoblit (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 182).B. — TECHNOLOGIE1. PÊCHE. Grande caisse de bois immergée, percée de trous et servant de vivier (d'apr. Lar. Lang. fr. et Lexis 1975).2. Tuyau de conduite de l'air dans un appareil de soufflerie hydraulique. (Dict. XIXe et XXe s.).REM. Sentineau, subst. masc., vx, région. (Ouest), synon. (supra B 1). Madame Courtois, dit-il, si, comme je n'en doute pas, vous avez à la cave quelque bonne bouteille de vin, et dans votre sentineau quelque bonne anguille, servez-les à votre malade qui n'a pas autre chose qu'une courbature (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 546).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1175 santine « sorte de bateau plat, barque » (BENOÎT DE STE-MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 29818); 1er quart XIIIe s. sentine (Florence de Rome, 515 ds T.-L.), actuellement dial. (Loire, v. FEW t. 11, p. 466b); 2. a) fin XIIe s. « partie basse d'un navire au fond de la cale, réceptacle des eaux, des ordures » ici fig. « corruption, impureté » (Sermons St Bernard, 94, 26 ds T.-L.); 1er quart XIIIe s. au propre (Florence de Rome, 540, ibid.); b) 1835 « lieu malpropre » (BALZAC, Goriot, p. 10); 3. 1964 pêche (Lar. encyclop.). Empr. au lat. class. sentina « fond de la cale, sentine », au fig. « bas-fond, lie, rebut ». Fréq. abs. littér.:34. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 243; Notes étymol.: sentine, myrtille. Fr. mod. 1934, t. 2, p. 28. — KEMNA 1901, pp. 236-237.
sentine [sɑ̃tin] n. f.ÉTYM. 1190, au fig.; XIVe, au sens propre; lat. sentina « fond de cale » et fig. « rebut, lie ».❖1 Mar. Endroit de la cale où s'amassent les eaux. || Vider la sentine d'un navire à la pompe. || Eaux croupies dans une sentine.1 Les sentines et les égouts jouaient un grand rôle au moyen âge, au Bas-Empire et dans ce vieil Orient.Hugo, les Misérables, V, II, II.♦ Fig. || Une sentine de vices : un lieu de corruption.2 (…) l'odieux Bicêtre (…) cette horrible sentine de vices, de folie, de misère, et d'infection.Jaurès, Hist. socialiste…, La Constituante, t. I, p. 292.
Encyclopédie Universelle. 2012.